Témoignages des parents de Victorien
Mme Cabéro est éducatrice spécialisée et mère de Victorien, 10 ans, autiste. Victorien est pris en charge par l'association depuis mai 2008.
Le vendredi 24 avril 2009
Victorien, concentré! Avril 2009 © ABA67
Il y a quelques mois je vous livrais mon premier témoignage sur le début de ma collaboration avec l'association ABA67. Actuellement toute une équipe intervient le matin auprès de mon fils.
Le lundi et le mardi c'est Florian qui ouvre la semaine avec calme et contenance, le mercredi c'est l'humour et le dynamisme de Nadine, et le jeudi et le vendredi une équipe de choc composée de Clothilde et Sandrine analysent loupe à la main le travail de Victorien. Le mercredi après midi c'est le jour du chef ! Ainsi tous les mercredi à 14h30 je vais la chercher à la gare, elle se dirige vers moi, son apparence est celle d'une éternelle étudiante cheveux au vent, et pourtant la démarche assurée et rapide annonce une après midi de travail efficace.
C'est donc le mercredi après midi que Mélanie analyse le travail de la semaine, travaille avec Victorien, me met en situation d'intervention, régule les programmes et me motive pour la semaine à venir comme elle le fait avec toute l'équipe.
ABA67, c'est une équipe cohérente qui fonctionne sur la base de la confiance. Confiance qui se construit ensemble et que vous me rappelez chaque jour lorsque je vous accueil chez moi et que je vous confie victorien, pour cela je vous en remercie Melanie, Florian, Nadine, Clothilde et Sandrine.
Pendant que j'écris ces quelques lignes, victorien est assis a table et réalise des petits puzzles de deux pièces. Sept puzzles de deux pièces que je mélange sur la table et dont il retrouve les différents morceaux . Au début de son apprentissage chacun de ses gestes étaient guidé.
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prendre un morceau du puzzle,
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tenir l'autre morceau
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mettre les deux pièces ensemble
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et bien sûr, regarder le puzzle , et avoir envie de le faire
J'ai vraiment pensé qu'il n'y arriverai jamais !
Et pourtant actuellement, il réalise des petits puzzles, des encastrements, et des boites à formes assis à table. Ce sont de grandes victoires même s'il s'agit de petits puzzles parce qu'il a maintenant l'envie de s'occuper de façon constructive. Le programme ABA de Victorien est très diversifié, ainsi il va tous les jours au centre commercial, il apprend à jouer au badminton, et à faire du vélo. Depuis dimanche nous avons enlevé les petites roues et maintenant il pédale seul... Quand je pense, nous avions fait les démarches pour un vélo adapté...
Le mercredi 18 décembre 2008
Victorien heureux, nov. 2008 © ABA67
Victorien a dix ans. C'est un enfant qui ne parle pas, son agitation empêchait une stabilisation de ses acquisitions, il refusait de plus en plus massivement tout apprentissage. Notre quotidien était rythmé par des crises de colères traduisant un grave déficit de communication et une incapacité à comprendre et à appréhender un fonctionnement social même au sein de la cellule familiale.
Educatrice spécialisée de formation j'ai pu suivre des petits stages de sensibilisation au traitement aba qui m'ont convaincu de travailler exclusivement avec une psychologue aba formée par Vinca Rivière à l'université de Lille. Fin du mois de mai 2008 notre route croisait enfin celle de Mélanie Ammeloot jeune psychologue enthousiaste, patiente, et titulaire du master aba de la faculté de Lille.
Nous avons commencé par la mise en place d'une guidance parentale ; ainsi, tous les mercredis après-midi, Mélanie venait (et vient toujours) me mettre en situation de travail, m'expliquant le programme et l'importance du "renforcement" base de la pédagogie aba. Le soir, je travaille environs 1h3O avec Victorien. Actuellement une équipe dynamique formée et supervisée par Mélanie entoure mon fils et l'accompagne dans ses progrès. Il est essentiel de savoir que l'on s'appuie sur des professionnels compétents et sur une méthode dont la démarche est scientifique, c'est-à-dire observable et quantifiable.
Avec l'aide des renforçateurs, Victorien s'est inscrit dans une collaboration de travail qui a permis des résultats encourageants. Maintenant, il sait répondre à des consignes simples et réaliser de petits encastrements à table, comme il y trouve un intérêt, il ne se fâche plus. Le plus surprenant pour moi a été le travail sur le regard, mon fils observait en bais et de façon figée une foule de détails insignifiants, il ne regardait jamais les personnes dans les yeux. Enfin je peux croiser son regard et le voir s'intéresser à ce qui l'entoure, sa façon de s'approprier son environnement se transforme, son agitation se pose.
Les pouvoirs publics ont le devoir de s'investir à nos côtés dans ce grand projet expérimental pour éviter une dérive du traitement aba par des professionnels pas assez formés, et pour soutenir financièrement les familles. La France a des décennies de retard dans sa considération de la personne autiste. Il est temps d'agir et de se mobiliser pour bousculer les mentalités.
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