Témoignage d'intervenants ABA - Elodie Waldmann
Elodie Waldmann est étudiante en Master de Psychologie à l'Université de Strasbourg
Le vendredi 20 mars 2009 :
Quand j'ai entendu parler d'un stage auprès d'enfants autistes avec une méthode comportementaliste, je me suis tout de suite dit que c'était une opportunité à ne pas manquer. Et je ne suis pas déçue! Je m'étais alors renseignée concernant la méthode ABA et cela m'avait beaucoup intéressée, mais rien ne vaut la pratique pour comprendre réellement cette méthode.
J'interviens donc depuis septembre 2008 une demi-journée par semaine chez Antonin, un petit garçon de cinq ans. Au début l'objectif était surtout d'établir une relation positive avec l'enfant afin que notre présence soit renforçante pour lui, à grand renfort de chatouilles, portage, câlins... Aussi renforçant pour l'enfant que pour nous !!!
L'autre gros travail était de connaître les bases théoriques de l'ABA ainsi que le programme d'intervention. Cela me paraissait énorme sur le coup, mais les choses se font naturellement au fur et à mesure des séances. Le fait d'être en binôme facilite beaucoup les choses à ce niveau-là, quand l'une donne les consignes l'autre peut apporter des précisions, coter ou guider l'enfant, ou si un exercice bloque un peu avec l'une parfois cela marche mieux avec l'autre. De plus, les réunions commencent toujours par la "question du jour", un point théorique abordé par Mélanie Ammeloot qui nous permet de nous former de manière continue.
Cela ne fait que cinq mois que j'ai commencé mon stage mais c'est assez pour que je sois convaincue de l'efficacité de l'ABA ! J'ai pu voir évoluer Antonin au fil des mois. Lui qui ne voulait que des chips ou un dessin animé comme renforçateur a en quelques semaines élargi ses choix à des livres, des bougies (qu'il adore souffler, vivement son anniversaire !), des bulles de savon et même du coloriage. Quelle surprise aussi quand une intervenante a découvert qu'il savait reconnaître les personnages au dos des livres "Drôles de p'tites bêtes" alors que nous-même avons parfois du mal (il y en a une bonne cinquantaine quand même !). Et maintenant c'est au tour des personnages de Tintin d'être reconnus et même dénommés pour certains, alors que quand j'ai commencé mon stage, c'était assez difficile de faire répéter à Antonin des mots comme "porte" ou "sauter". Maintenant il commence à répéter son prénom, des objets qu'il veut (bougie, bulles,...) et même des mots dans une comptine. Bien sûr, ce n'est pas toujours facile, certains sons sont encore durs pour lui, mais on le sent de plus en plus intéressé et motivé par le langage.
Antonin sait aussi être filou quand par exemple on se tourne deux secondes et qu'il en profite pour chiper des bonbons ou des chips (c'est quand même mieux quand on n'a pas besoin de dire "gâteau" !!).
Le travail avec l'enfant est vraiment intéressant, gratifiant et plein de surprises! De plus, le fait d'être toute une équipe autour d'un enfant présente beaucoup d'avantages. Les observations de chacun se complètent, ne correspondent pas toujours, ce qui permet d'avoir une réflexion plus fine et approfondie. C'est avec les idées et propositions de chacun que l'on trouve des solutions, que Mélanie introduit une nouvelle consigne ou un nouvel exercice. Enfin, le fait d'être plusieurs à travailler avec un même enfant permet à celui-ci d'être avec des personnes différentes et variées.
Je vais donc finir en disant que cette méthode est loin de former des petits robots (vous avez déjà vu des robots faire des gros câlins ou rire aux éclats quand on les chatouille, vous ?), mais qu'au contraire l'enfant est respecté dans son individualité puisque chaque programme est adapté selon ses compétences et ses intérêts.
Et merci à Mélanie pour le travail énorme qu'elle fait entre le suivi des enfants (mise à jour des programmes, rédaction des bilans, modification des grilles de cotation), celui des intervenants (formation théorique continue, analyse de nos interventions filmées...) et pour sa grande disponibilité !
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